Il était une fois

Bien que la première mention formelle de Barreau de L’Ardèche apparaisse en 1929, il faut cependant savoir que les Avocats étaient présents longtemps avant cette date dans notre département.

Il n’est pas question de relater une nouvelle fois l’histoire générale de l’Avocat, dont l’institution remonte au droit romain :  » l’ad vocatus « , celui qui est appelé aux cotés du plaideur, si l’on se rappelle que l’Ardèche a été un lieu de séjour fort apprécié des romains ; la petite cité d’Alba la Romaine à proximité du Teil en atteste par son seul nom, ainsi que de nombreux autres sites dont la découverte reste un plaisir pour le touriste perspicace.Et il y a fort à parier que nombre de mes confrères exerçaient déjà leur art en Ardèche alors que dans un petit village d’Armorique quelques gaulois moustachus, résistaient encore et toujours à l’envahisseur.Passons sur l’Ancien Régime, La Révolution, et faisons une courte pause, juste avant la création du Barreau de L’Ardèche.

Il existait alors, en Ardèche, trois tribunaux civils : Largentière, Privas, Tournon, auprès de chacun de ces Tribunaux, un par sous -préfecture, un barreau était établi ; au gré des inscriptions et démissions des avocats inscrits auprès de chacun des trois Barreaux Ardéchois, il arrivait que l’effectif tombe en dessous du chiffre fatidique de 6 avocats ; avec pour conséquence qu’alors le Conseil de Discipline(actuellement Conseil de l’Ordre ) était dorénavant présidé par le Président du Tribunal Civil.

Vous comprendrez facilement que les avocats, par nature indépendants et tout aussi méfiants qu’ils sont respectueux de la moindre émanations de l’Etat ou de la puissance publique, ne supportaient pas volontiers de voir la Magistrature venir régenter le Barreau.

Il me faut cependant avant de passer à l’année 1929, évoquer l’été 1914, le Barreau de Privas et plus précisément le terrible voisinage qui existe sur le registre des délibérations de l’Ordre.

Le 14 février 1912, le Conseil de L’Ordre, sur demande du Procureur, formule un avis sur l’importante question des dates de vacances judiciaires en ces termes :  » après avoir examiné la question au quadruple point de vue de la température, des vacances scolaires, des traitements dans les villes d’eaux, des villégiatures diverses, propose le 1°Aout « .
La mention suivante est datée du 4 août 1914, elle est de la main du Bâtonnier Louis BUFFAT :  » En raison de la mobilisation décrétée hier, je confie à mon prédécesseur M° Gontier les intérêts de l’Ordre ».

L’Histoire a parfois des raccourcis particulièrement cruels, surtout si l’on se rappelle que le Bâtonnier BUFFAT, ainsi que M°Jean BARREME sont tombés au champ d’honneur.

Il est inutile de chercher au Palais de Justice, rien ne vient rappeler leur mémoire, ils ont simplement fait leur devoir et après avoir pourfendu dans les prétoires l’Etat tentaculaire et oppresseur de l’individu, ils s’en sont allés naturellement et anonymement donner leur vie pour la défense d’un certain idéal de Liberté.

Ces deux mentions successives illustrent parfaitement le paradoxe de la profession d’avocat, tout à la fois capable de débattre pendant des heures de questions pouvant sembler futiles a celui qui ne connaît pas la « basoche « , mais quoi de plus important dans la douceur de l’été 1912, période paisible ou la France dominait encore une grande partie du Monde, que la date des vacances Judiciaires ; et puis, lorsque cela est vraiment nécessaire, capable en l’espace d’une journée de renoncer à tout pour défendre en exposant sa vie, une cause qu’elle croit juste et qu’elle a adoptée.